Brésil: Dilma Rousseff
remporte la présidentielle

LEMONDE.FR avec AFP
01.11.2010

Après avoir remercié "avec beaucoup d'émotion" Lula, la présidente élue a affirmé : "Je frapperai souvent à sa porte et je sais qu'elle sera toujours ouverte."

Propulsée par la popularité record de Lula, Dilma Rousseff a été élue au second tour de la présidentielle avec 56 % des voix contre 44 % à son rival social-démocrate José Serra. Elle devient ainsi la première femme à diriger la huitième économie du monde.
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L'abstention a marqué le second tour: 21 % des Brésiliens, selon les résultats partiels, ne sont pas allés voter bien que le vote soit obligatoire. Les résultats ont été reçus par des ovations et des cris de joie au siège du comité de campagne de Mme Rousseff, où arrivaient ministres, gouverneurs et dirigeants de la coalition gouvernementale. Les militants du Parti des travailleurs (PT), euphoriques, revêtus de chemises rouges et agitant des drapeaux, se massaient devant le siège du comité du parti, dans un hôtel de Brasilia.
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La candidate du PT a bénéficié de l'énorme popularité de son président sortant et du succès de sa politique. Dilma Rousseff a suivi les résultats avec Lula. Après l'avoir remercié "avec beaucoup d'émotion", la présidente élue a affirmé: "Je frapperai souvent à sa porte et je sais qu'elle sera toujours ouverte." "La tâche de lui succéder est difficile et représente un défi, mais je saurai honorer cet héritage et amplifier son travail", a-t-elle assuré devant ses partisans réunis dans un grand hôtel de Brasilia. Elle a ainsi réitéré son "engagement fondamental: l'éradication de la misère pour tous les Brésiliens et les Brésiliennes". "Nous ne pourrons avoir de repos tant que des Brésiliens souffriront de la faim", a-t-elle ajouté.
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"DES RÈGLES PLUS CLAIRES CONTRE LA SPÉCULATION"
Plus tard dans la soirée, son adversaire José Serra l'a félicitée mais s'est abstenu de saisir la main tendue. "Pour ceux qui nous imaginaient vaincus, nous ne faisons que commencer la lutte véritable", a dit l'ancien gouverneur de Sao Paulo. Dilma Rousseff, dans un discours aux allures de programme loin des improvisations de Lula, a aussi critiqué le protectionnisme des pays riches et demandé des "règles beaucoup plus claires" contre la spéculation qui augmente la volatilité des monnaies. Elle devait ensuite célébrer sa victoire sur l'esplanade des ministères, au cœur de la capitale fédérale, envahie par ses partisans.
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A l'étranger, le président français Nicolas Sarkozy a été le premier à la féliciter, soulignant que sa victoire "témoigne de la reconnaissance du peuple brésilien pour le travail considérable qu'elle a accompli avec le président Lula pour faire du Brésil un pays moderne et plus juste". Le chef de file de la gauche radicale en Amérique latine, le président vénézuélien Hugo Chavez, a lui aussi salué la victoire de la candidate du Parti des travailleurs, disant qu'il allait "envoyer un baiser à sa chère Dilma".
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Dilma, la Bulgare

01.11.2010
Si elle était née ici, elle se serait appelée Rousseva. Dilma Rousseva, fille de Petar Roussev (1900-1962), de Gabrovo, petite ville pittoresque au cœur du Massif central bulgare - les Balkans. Mais le destin en a voulu autrement. Dilma est devenue Rousseff comme la plupart des émigrés Bulgares (et Russes) du début du siècle dernier. La suite de l’histoire est connue. Elle culmine aujourd’hui avec son élection à la tête du plus grand pays d’Amérique latine.
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L’histoire de Dilma Rousseff est, surtout, brésilienne mais rarement la politique de ce pays lointain surtout connu pour ses belles plages et le foot aura autant passionné les Bulgares. Mais lorsqu’un gars ou une fille “de chez-nous” monte les échelons à l’étranger, que cela soit dans la mode, le sport ou l’art, les Bulgares dressent l’oreille. Et les médias, qui ont du flair, ne tardent pas à décliner sur des pages entières une nouvelle version de la légende du fils ou de la fille prodigue Christo, Sylvie Vartan, Hristo Stoïchkov … Même si le fil de la bulgaritude est tenu, comme c’est le cas avec la nouvelle présidente du Brésil. Le propre des petits pays avides de reconnaissance, dira-t-on.
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Des journalistes bulgares ont retrouvé de lointains parents de la famille Roussev; le tabloïd 24 Tchassa a même envoyé un reporter suivre la campagne présidentielle. Une nièce, l’épouse d’un cousin à Gabrovo; une cousine germaine à Sofia: les voilà, les parents (pauvres) de Dilma en Bulgarie. Ils disent suivre ses exploits depuis 2003, date à laquelle elle a été nommée ministre de l’Energie, mais s’étonnent parfois qu’on la présente comme une “Bulgare”. Leurs liens avec l’aventurier Petar se sont perdus quelque part dans le tumulte des années d’après-guerre; la chape communiste a fini de les geler… Ce qui n’empêche pas les habitants de Gabrovo, une ville connue pour ses blagues et son humour, de rêver (les Gabrovtsi sont aussi l’équivalent bulgare des Auvergnats). Une expo photo a été montée en urgence dans la petite ville et certains imaginent déjà la “dame de fer” brésilienne fouler les pavés de Gabrovo. Et leur ville se transformer en une sorte d’avant-poste des cariocas en Bulgarie: business, mais aussi carnaval, musique, tourisme..Ah ! si seulement !
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En attendant, le visage rayonnant de la fille prodigue s’étale sur la une des journaux bulgares. A l’intérieur, de petites photos jaunies, dénichés dans quelque album photo de la famille Roussev ou Rousseff, rappellent les vestiges lointains de la “filière bulgare” dans le destin de celle qui a succédé à Lula. “Quels sentiments éprouvez-vous envers la Bulgarie, la patrie de votre père?” a fini par lui demander l’envoyé spécial de 24 Tchassa de Sofia, après une odyssée de presque deux ans pour obtenir cet entretien, le premier avec un média bulgare. “De la tendresse et de l’amour, répond Dilma. “Et je dois dire que je me sens, en grande partie bulgare, même si je n’ai jamais mis les pieds dans votre pays”. Elle aurait bien voulu dire quelque chose en bulgare aussi, mais les quelques mots que son père lui a légués avant de mourir, elle les a oublié.

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NOTA DO EDITOR DO BLOG - A Bulgária é conhecida pela sua música popular, tendo mesmo sido gravada uma canção pela Voyager Golden Record que foi depois enviada para o espaço pela NASA. Entre os búlgaros mais célebres destacam-se a filósofa Julia Kristeva, Elias Canetti, Prémio Nobel da Literatura, em 1981, e o escultor Christo Javachev (“Christo”) o criador de muitas esculturas de exterior pouco ortodoxas